mardi 25 septembre 2007

Free speech

Vous imaginez cinq minutes Mahmoud Ahmadinejad à la Sorbonne, en train d'expliquer que non, il n'existe pas d'homosexuels en Iran et qu'il n'est nul pays au monde où les femmes bénéficient d'autant de liberté ? Drôle d'ambiance fiévreuse, du coup, hier à l'université de Columbia. Entre conviction d'être aux avant-postes de la liberté d'expression et inquiétude de savoir qu'à quelques mètres de là, l'un des hommes les plus inquiétants au monde est en train de prendre la parole à la tribune d'un institut des affaires internationales. Un Ahmadinejad tel qu'en lui-même, son demi-sourire, ses vestes trop larges, sa rhétorique en béton armée. Je ne sais pas s'il raconte sa journée d'hier sur son blog. Mais le débat a bien eu lieu, et en même temps, pas de surprise, l'ancien Gardien de la révolution n'a jamais rien dit d'autre que ce que l'on attendait de lui. Sauf peut-être cet étrange aveu selon lequel il n'y a pas d'homosexuels en Iran, qui en dit plus long sur sa vision du monde que ses longues tirades sur les rapports entre science et religion. Et dire que pendant ce temps-là, ce pauvre vieux Donald Rumsfeld a un mal fou à se recaser à l'Université de Stanford
Sinon –et le seul lien avec ce qui précède est bien la liberté d'expression–, a-t-on le droit de porter un badge liant le port de l'uniforme dans une école aux Jeunesses hitlériennes ? La question s'est posée à Bayonne (pas dans les Pyrénées-Atlantiques, hein, dans le New Jersey), rapporte le New York Times de dimanche dernier. Le Federal district court, à Newark, a conclu que le port de ce badge ne perturbait pas le travail à l'école. Du coup, le jeune Michael Pinto a pu retourner en cours avec son badge. Le NYT en profite pour passer en revue différentes cas de figure. Un tee-shirt avec une photo de Bush placée sur le corps d'un poulet entouré de derricks, d'un rasoir avec un trait de cocaïne et d'un verre de martini, le tout portant la mention "Faucon-poule-mouillée-en-chef", est-ce que ça passe la douane ? En excursion scolaire, le jeune portant cette élégante liquette s'est vu intimer l'ordre de la mettre à l'envers ou de changer de tee-shirts. Du coup, "lui et ses parents, comme toute famille qui se respecte, sont allés devant le tribunal", poursuit le journaliste. Résultat : après avoir perdu leur procès, ils ont gagné en appel. Pas comme cet étudiant du Vermont qui s'est vu proscrire le port d'un tee-hirt Marylin Manson parce que le musicien faisait la promotion de "conduites destructrices et de valeurs démoralisantes contraires à la mission éducative de l'école". Et le New York Times de s'interroger : "Et Black Sabbath, Britney Spears, Eminem ?"

mardi 11 septembre 2007

From New Zealand with love


Hey you New Zealand rock'n'roll music fans !

C'est en tombant de manière fortuite sur le Brian Turner show sur WFMU que j'ai replongé : pensez donc, trois heures d'émission uniquement consacrées aux plus obscurs groupes néo-zélandais imaginables du début et du milieu des années 1980 : The Rip, Nux Vomica, The Primates, Goblin Mix, Alpaca Brothers et autres Smelly Feet… Aux commandes de cette sélection full of post punk gems, Tom Lax, boss du label de Philadelphie Siltbreeze qui a introduit aux Etats-Unis de nombreux groupes du versant le plus expérimental du rock néozélandais –dont The Dead C et le label Xpressway. Avec en guest-star, Hamish Kilgour, qui avec son frère David, a fait les beaux jours de The Clean avant de rejoindre New York et The Mad Scene.
Il y a de quoi prendre vite fait un aller-simple pour Dunedin (ou un ticket Greyhound pour Philadelphie en ce qui me concerne) afin de dégotter un pressage original du Suzanne said des Shallows ou The Inside Track des Stridulators. Bref vous feriez bien d'aller jeter une oreille fissa à ces petites merveilles.
Du coup, hop, une incredibly good video des Verlaines, The Death and the maiden:



Sinon, dans le genre video datée et mal synchronisée, j'ai à vous proposer ce –malgré tout– très émouvant clip d'époque des Chills :



Et encore le clip de leur tube Heavenly Pop Hit est encore pire dans le genre nonsensical, mais charmant également. Si vous êtes dans le coin, ils jouent ce soir au Lake Wanaka centre (à l'heure où j'écris ces mots, c'est déjà le 13 dans le sud de la Nouvelle-Zélande…)

Pour la route, vous reprendrez bien un peu de Chris Knox, avec ou sans les Tall Dwarfs ?



mercredi 5 septembre 2007

Lost and found heroes

Daniel Johnston at the Spiegeltent, NYC, le 4 septembre 2007

Mardi soir, une salle que je n'avais jamais vue, le Spiegeltent, flanquée au ras de l'East River derrière le South Street Seaport avec une vue radicale sur le Brooklyn Bridge et le Manhattan bridge. Je suis en retard. Sur la scène d'un petit chapiteau baptisé "Salon perdu", Daniel Johnston (Des photos ici). En le regardant trembler comme une feuille alors qu'il s'agrippe de toute ses forces au micro, je me demande brièvement ce que je fais là, si ça ne va pas être un remake musical d'Antonin Artaud au Vieux Colombier.



Daniel Johnston n'a rien, pas d'instrument, juste un polo et un guitariste qui joue sobre et juste, Brett Hartenbach. J'avoue ne pas avoir suivi grand chose de la carrière de Daniel Johnston depuis des lustres, donc je ne connais pas les morceaux. J'ai une vieille cassette collector que j'ai achetée par correspondance il y a une dizaine d'années (Respect, sorti en 1985 sur Stress records), la réédition de Continued story qu'un ami m'a offert et la version de Speeding Motorcycle enregistrée au téléphone (!) avec Yo la Tengo sur WFMU. Chanson qu'il interprète très vite et très bien à la demande générale. Il enchaîne les morceaux tête baissée, place quelques blagues de sa voix étranglée entre les morceaux. True love will find you in the end, Grievances, Bloody Rainbow, ou la bouleversante GoEst-ce qu'on applaudit à tout rompre pour se dire qu'il va bien, quand même, pour quelqu'un qui souffre d'un bipolar disorder ou parce que ce sont simplement des chansons magnifiques ? Ou est-ce que cette question n'a aucun sens ? La voix chevrote, trébuche, mais ne rompt pas. A un moment, il disparaît dans le public, tout le monde s'assseoit et là, surprise, il est au piano, il martèle les touches comme un sourd, le nez collé aux paroles écrites à la main dans un cahier plastifié.



Puis il s'en va après nous avoir souhaité un "Merry christmas". Puis retour, rappel "avec une reprise de mon ami John Lennon" : You've got to hide your love away, "ce qui est toujours un bon conseil". Puis il enchaîne sur Deviltown a capella. Il crie presque et balaie la salle d'un long regard indéfinissable. Troublant. But nice concert, though.

And now something completely different… J'ai failli rencontrer le même soir un autre de mes héros : Michael Palin des Monty Pythons dédicaçait son dernier livre de souvenirs. Mais j'avais sous-estimé la place que peuvent prendre les fans des Monty Pythons dans une librairie Barnes and Noble. Du coup j'ai tout juste pu l'apercevoir sur la pointe des pieds derrière un rayon, sans pouvoir faire signer mon 33 tours collector de la bande-son de la Vie de Brian. Too bad.

mardi 4 septembre 2007

Shoot the freak ! Coney Island nostalgia

Où il est question once again de parc d'attractions (voir plus bas).
So what ? Le Labor day d'hier pourrait-il marquer la dernière saison de l'Astroland, le parc d'attraction de Coney Island ? Depuis 1895 et la construction du Captain Paul Boyton's Sea Lion Park, cette langue de terre au sud de Brooklyn offre aux New-Yorkais de toute extraction une large gamme de loisirs cheap and easy.

Comme le montre cette jolie video (avec pour musique Coney Island baby par Tom Waits), avant, c'était comme ça :



Mais pour vous représenter l'Astroland, il faut imaginer la Foire du Trône installée à Palavas-les-flots. Dès 9 heures, l'air s'imprègne de l'odeur pointue des goémons qui se mélange au parfum des cheez burgers, chili nachos et autres hot-dogs (rappelons que c'est ici-même que se tient le concours de vitesse d'ingestion massive de frankfurters-sur-bun-à la moutarde, aussi appelé Nathan's famous Fouth of July Hot dog eating contest). Au loin glissent impavides des cargos brumeux. C'est un bon jour pour aller pêcher à la jetée, seul ou en famille, avec de vieux tubes disco à fond dans le ghetto-blaster. Voire, pour les plus téméraires, tenter un plongeon dans les eaux glauques de l'Atlantique. Sur la promenade, des quinquagénaires russes et replets se promènent torse nu avec leur poule au bras. Les homeless remballent leur sac de couchage. Le manège du Polar Express se refait une petite santé au son du Light my fire des Doors. A midi, l'Astroland ouvre et c'est la ruée sur la Wonder wheel et les autres manèges. Mais l'indépassable climax de Coney Island reste le Cyclone, un grand huit vraiment dingue vieux de quatre-vingts ans bien tapés (et ça se voit à ses rails en bois pas très rassurants). Et si vous aimez les activités vraiment décadentes, Shoot the Freak ! est fait pour vous : dans un bout de terrain vague, des rednecks bourrés s'amusent à tirer au paintball sur une cible vivante –un jeune latino qui leur agite ses parties génitales sous le nez. Weird. Bref, Thrills ! Excitement ! Fun ! (voir plus bas again )
Tout ça pourrait s'arrêter net avec l'irruption dans le rôle du méchant promoteur immobilier de Thor equities qui a racheté le terrain en novembre dernier et projette d'y construire un complexe de loisirs avec hotels dont on imagine qu'il sera moins attractif au populo que le parc actuel. Mais la situation reste loin d'être claire, entre les velléités de la ville pour freiner l'appétit de Thor Equities et les négociations en cours pour prolonger d'un an la survie de l'Astroland. La saison de l'Astroland se termine officiellement le 9 septembre. A suivre, comme on dit.

lundi 3 septembre 2007

The Ultimate Doo Wop weekend experience

Do you really wanna live the doo wop experience ?
Il ne s'agit nullement ici de s'apesantir sur le style musical qui fit les beaux jours des radios US, du début des années 1950 jusqu'au milieu de la décennie suivante. Pas plus que d'évoquer les innombrables groupes vocaux qui firent chavirer le public américain à coups de syllabes hululés et de berceuses langoureuses avant que le British Beat ne franchisse l'Atlantique.
Pour cela il suffit de regarder les Silhouettes :



Ou de se laisser bercer par les Five Satins :



Non, parce qu'il existe AUSSI une architecture doo wop. Imaginez un coin au sud de la côte du New Jersey, entre New York et Philadelphie, transformé en musée vivant de l'architecture commerciale des fifties. Fermez les yeux et essayez de vous représenter une ville dont l'horloge serait resté bloqué forever à l'heure d'Happy Days. Cette ville existe, je l'ai rencontré le temps d'un weekend. Elle s'appelle Wildwood. On en parle aussi ici ou . Motels désuets à gogo (le Caribbean, le Bonanza, le Waikiki, le Pulaski Motor Inn…), enseignes lumineuses aux couleurs flashy, junk-food en quantité industrielle… L'ancien et le nouveau, pardon le doo-wop et le neo-doo wop s'y côtoient à merveille. Des palmiers en plastique indiquent le nom des rues (Atlantic et Pacific Avenue, ce genre…). Un petit train aux couleurs de Coca-Cola vous emmène de parcs d'attraction en parcs d'attractions (il y en a trois à Wildwood) : grands huits monstrueux, mini-karts à fond la caisse, un train fantôme aussi flippant qu'une partie de pêche avec François Hollande… Thrills ! Excitement ! Fun ! Le tout au bord d'une longue plage de sable fin.
Ou comment avoir l'impression de vivre réellement dans une chanson des Beach Boys le temps d'un week-end.
La video suivant n'a rien à voir avec le doo wop mais elle retranscrit bien l'atmosphère de cet amazing trip :



Love those Wildwood days and nights !