vendredi 11 janvier 2008

Nice gigs – Glenn Mercer (from The Feelies) / Tyvek

C'est une vraie jachère, par ici. Ça fait un moment, cher blog, que je ne suis pas venu poser ma grosse prosse ampoulée dans le coin. Et comme demain c'est Super Bowl et que mardi c'est confrontation en direct avec les électeurs américains pour le Super Tuesday, je profite du calme avant la tempête.
Donc, j'ai fait deux trois trucs dernièrement. J'ai bien entamé Extremely loud and incredibly close de Jonathan Safran Foer très original, drôle et triste, une sorte d'Attrape cœur de Salinger transposé dans le New York d'après le 11 septembre mais il y a pire référence. Je suis aussi allé voir quelques concerts.
D'abord Tyvek au Cake Shop dans le Lower east side. Un groupe de Detroit, Michigan, de la meilleure espèce de punk qui dépote, en dépit d'un son pourri et d'un retard de deux heures sur le programme. Le chanteur chante faux, les trois guitares sont mal accordées, mais l'ambiance The Fall sur fil de fer barbelés vaut le coup. Leur tube s'appelle Give it up. Et c'est un groupe qui ne prend pas de pose, à la différence d'autres gros connards comme ceux-ci : c'est une parenthèse mais vous avez déjà entendu parler d'un groupe français qui s'appelle The Teenagers ? Ces blaireaux jouaient cette semaine à New York. Et des têtes à claque pareilles, on n'en croise pas tous les jours. Ça donne limite des envies de meurtre.

Donc Glenn Mercer au Maxwell's, à Hoboken, dans le New Jersey. Il est venu en voisin puisque les Feelies se sont formés pas très loin, à Haledon. Ironiquement, c'est dans cette même salle que le groupe a donné son dernier concert.
C'est toujours un peu l'aventure pour aller au Maxwell's parce qu'il faut sortir de New York en prenant le Path, un métro alternatif au subway new-yorkais qui part depuis le World Trade Center, laissant l'impression que l'on passe sous un immense cimetière de fantôme.
Après il faut marcher dans Hoboken. La ville dégage un charme presque provincial, avec ses commerces tous alignées le long de la rue principale, Washington street. Et là on arrive , au croisement avec 10th street dans un lieu merveilleux. La meilleure salle où je me sois rendu ici, je trouve, avec un bar-restaurant en brique rouge où on peut manger pour pas cher en attendant d'aller voir le concert dans la salle adjacente. On peut patienter grâce à un jukebox très très sophistiqué (ma dernière playlist : un Modern Lovers, The Castaways, les Buzzcocks). Le public est à des milliers d'années de celui de New York, il y a nettement moins de trendy people et plus de gens normaux voire même une vieille dame avec un déambulateur (la maman de Glenn Mercer ?) et un routier à casquette et chemise en jean.
Le concert était merveilleux. On dirait qu'on l'a ressorti d'un bocal de formol tant il ressemble au Glenn Mercer d'il y a dix ans. Il porte des lunettes de soleil, n'esquisse pas l'ombre d'un sourire, dit tout juste merci entre les morceaux et serre les mâchoires en grimaçant. Il y a un nerd barbu en transe juste devant la scène qui gigote encore plus lorsqu'il joue un morceau des Feelies (Crazy rhythm, Fa-Ce-La, Higher ground) entre les morceaux de folk-pop mélancolique qu'il a composé pour son premier album solo Wheels in motion. Les gens dansent. Le groupe (Vinny de Nunzio, Dave Weckerman –tous deux étant d'anciens membres des Feelies–, Adam Berardo, Bob Torcello) est parfait, juste assez nerveux pour suivre les inflexions entre calme au bord des larmes et galopades échevelés. J'espère secrètement qu'il va jouer Egyptian Reggae de Richman, mais non mieux encore, en rappel il sert What Goes on. Great show.

En parlant de ça, Lou Reed et John Zorn jouaient ensemble le 10 janvier dernier à The Stone, l'espace musical en forme de boîte à chaussures pour musiques casse-tête (voire casse-couilles) que le second a ouvert dans l'East Village. Et pourquoi pas David Bowie et Sun Ra jammant ensemble au Jimmy ? Rassurez-vous, j'y étais pas mais je me console en me disant qu'il y a de fortes chances pour que j'ai seulement loupé une heure ou deux d'expérimentations pénibles, genre Lou fait des solos pendant que Laurie Anderson lit de la poésie orientale et que John Zorn martyrise son saxo. On se rassure comme on peut.

Live your life in a shopping bag

Pouvoir d'achat, récession à l'horizon, subprimes, période des soldes, vie et mort à crédit… It's the economy, stupid ! Face à cette terrible réalité, vite, consolons-nous comme nous pouvons avec Shopping bag des excellents Penetrators (en dépit d'un nom imbitable, wink wink) dont je n'avais jamais entendu parler avant de les découvrir, non pas en glandant sur You Tube (je dis ça pour couper court à tout soupçon), mais en écoutant the always amazing show de Tony Coulter.



Cet excellent groupe de Syracuse, New York, a sorti une compilation sur Swami records, mais leur renommée n'a jamais dépassé les frontières de l'état, voire peut-être même du comté.
Vous noterez l'allusion de la chanson au Gong show, émission de télé-crochet parodique fort sympathique quoique parfois un peu creepy.

Sinon, plus triste, Dave Day des Monks (à droite de la scène dans la vidéo ci-dessous) est mort cette semaine et c'est une triste date pour le rock garage en général et la mandoline électrique en particulier.