samedi 19 avril 2008

Fjordisme




Après les vacances du blog, les vraies vacances : de retour de deux semaines au Canada, voici un extrait de l'album de diapositives de notre safari au Québec. Appelons-le "Souvenirs d'une expédition dans le parc national du Saguenay" (en moto-neige puis pieds nus dans la poudreuse) pour rejoindre "the southernmost fjord in the world", dixit notre guide.

vendredi 4 avril 2008

Dean Wareham, Luna au Jimmy, notre folle jeunesse etc.

Un blog, paraît-il, c'est comme une carte de membre d'un club de gym : suffit pas de l'avoir, faut aussi la renouveler. Et face à l'ampleur de la tâche, j'aurais sans doute besoin d'un coach personnel.
Anyway, ces derniers temps, je suis resté plongé dans une lecture assez fascinante : Black Postcards, A Rock'n'roll romance, l'autobiographie de Dean Wareham, ancien chanteur de Luna et de Galaxie 500. [Je suis tombé par hasard sur la vidéo ci-dessous, very funny :



Fin de la parenthèse. ]

Donc Black Postcards (à écouter à la radio ici), c'est très drôle, précis comme le Dylan des Chroniques quoique stylistiquement moins sophistiqué, mais bien écrit, distancié, bourré d'humour à froid et d'anecdotes, où Wareham règle d'abord ses comptes avec Damon et Naomi (qui ont déjà règlé les leurs avec lui, apparemment).
Si l'on est un non-rocker, on apprend beaucoup de choses sur la vie en tournée et en studios. Il évoque aussi ses premiers concerts de Richard Hell et de Gang of four à New York, ses études à Harvard (où une frange de notre lectorat goûtera le fait que le jeune Wareham lisait du Trotsky et du Lénine, en distribuant à la sortie des cours L'Avant-Guarde des travailleurs, la feuille de choux de la Ligue spartakiste à laquelle il appartenait). Ou sa rencontre avec Peter Hook, de Joy division, qui leur montre comment jouer à la basse Ceremony de New Order. Ou les tournées dans l'ancien bus de Willie Nelson.

Sinon, il raconte aussi la fois où après avoir fait la première partie de Lou Reed, sur sa tournée Hooky Wooky de sinistre mémoire il se retrouve backstage à faire la queue derrière Lou pour aller pisser. "Sarcastique, il me dit : "Tellement glamour, hein ?" Mais c'était glamour pour moi, je suis backstage en train de discuter avec Lou Reed !"
Coup de chance, il faisait il y a peu une lecture de son bouquin dans un bar typiquement brooklynien, Union hall, à Park Slope (avec des pistes de pétanque en ciment, une bibliothèque et deux fausses cheminées). Le bonhomme a vieilli, mais il a gardé un air poupon et désinvolte. Il lit un passage où il est poursuivi par une fan japonaise qui lui laisse son journal intime (écrit en japonais), et celui où il trompe sa femme en roulant des patins à une hôtesse de l'air espagnole. Mauvaise augure : il finira par se séparer avec sa femme après avoir été tombé dans les bras de Britta Phillips (la bassiste sexy qui a remplacé Justin Harwood dans Luna).
Après en dépit d'un son pourri, il joue quelques morceaux dont un très beau Fourth of July.

Dans le livre, le bonhomme se souvient de tout. Même du passage au Jimmy dont certains dans l'attendance doivent se souvenir. Je cite :
"Ensuite, c'était Bordeaux, où nous avons joué dans un légendaire petit club punk rock appelé le Jimmy. Un club punk peut devenir légendaire simplement pour avoir fait jouer des groupes cool dans les années 1980 et avoir réussi à garder la tête hors de l'eau par la suite. Et si les toilettes ne marchent pas, tant pis."
Ceux qui y étaient doivent s'en souvenir. La suite vaut le coup :
"Notre hôtel était bizarre, décoré sur un thème nautique, avec des petits hublots à la place des fenêtres. J'avais ma propre chambre ce soir-là, et j'ai regardé un excellent film porno à la télé. Tout le monde y portait des masques et des perruques blanches, en dansant follement et en se sodomisant. C'est marrant de rester seul dans une chambre d'hôtel, en buvant une Kronembourg froide et en regardant tranquillement un porno français."



Les connaisseurs de la scène musicale bordelaise (Perdus dans la cuisine, Summer Factory)
apprécieront par ailleurs cette remarque : "Les bons batteurs tendent à venir de villes de banlieue. Ils ont un avantage : un garage, une cave, de l'espace… " Bon, la remarque évoque Stanley Demeski, l'ancien batteur des Feelies qui a rejoint Luna, mais elle pourrait être généralisé.
En parlant de Bordeaux, l'autre jour, je suis allé voir Adam Kesher jouer à Brooklyn… Non, je déconne, bien sûr, j'ai gardé mes dollars pour aller voir Old Time Relijun à la Knitting Factory. Great show ! Et la Knitting Factory reste pour l'instant ce qui ressemble le plus à l'idée que je me faisais d'une salle eighties lugubre de New York.

Et je m'apprête, après être allé voir les New Jersey Nets contre les Toronto raptors ce samedi, à aller voir un concert de l'excellent Kelley Stoltz dont je ne saurais vous vanter assez chaudement le dernier album Circular sounds, vraie bombe pop sixties d'inspiration raydavisienne, brianwilsonienne et kevinayersienne.



[Et si vous pouvez, jetez une oreille sur cette session live à la radio des terribles Lo Moda, très bon groupe de post-punk contemplatif de Baltimore, notamment leur morceau The Plagiarist.]
Désolé pour cette tartine pleine de private jokes.

Mais je m'interroge : le jour où l'on commence à être nostalgique en lisant les remarques qu'un vieux rocker fait sur un concert que l'on a vu dix ans plus tôt, c'est que l'on est soi-même devenu vieux, non ?